Les conférences

MERCREDI 26 SEPTEMBRE 16H30 – Léonard Burnand

Coppet, lieu de parole : le pouvoir du verbe et l’esprit de conversation selon Germaine de Staël

Fille du Genevois Jacques Necker et de la Vaudoise Suzanne Curchod, la future Madame de Staël (1766-1817) a reçu son éducation intellectuelle dans l’un des salons parisiens les plus brillants de la fin de l’Ancien Régime. C’est donc aux côtés des grands esprits de son temps (tels que Diderot et Buffon) qu’elle a été initiée à l’art de la conversation. Par la suite, elle s’est imposée comme l’une des figures les plus éloquentes de la sociabilité mondaine et littéraire de l’Europe du tournant des Lumières. Maniant le verbe avec un brio qui émerveillait ses contemporains, la châtelaine de Coppet s’est aussi servie de la parole comme d’une arme pour défendre les libertés individuelles contre l’autoritarisme de Napoléon. Cette conférence permettra d’aborder la question du pouvoir des mots à travers la vie singulière et l’œuvre foisonnante de Germaine de Staël, une femme de lettres qui a fait de Coppet un haut lieu de l’histoire des idées.

JEUDI 27 SEPTEMBRE 8H45 – Ali Benmakhlouf

La conversation, le jeu de la réciprocité magnétique

La conversation, bien qu’elle soit à bâtons rompus, n’en est pas moins un jeu réglé. Certains, comme Montaigne, l’ont comparée à un jeu de paume, d’autres, comme Wittgenstein, à un jeu de tennis. Dans les deux cas  il y a les positions symétriques des joueurs que sépare un filet. Se joue alors dans l’adresse vivante à l’autre un parler prompt et vif qui n’est cependant pas celui de la controverse. Il n’est pas de la nature d’une conversation de dégénérer en esprit partisan. Elle est, avant tout, une « société de discours ». Elle vaut comme parole communiquée aux effets réels et magnétiques qui font sa seconde moitié: « Il ne me vient pas seulement une gaillarde pensée en l’âme qu’il ne me fâche de l’avoir produite seul, et n’ayant à qui l’offrir », note Montaigne. Pour que les idées soient une fête, il importe de les partager en les communiquant par la parole en vue d’une réciprocité magnétique.

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 8H45 – Caroline Dayer

Le spectre de l’injure: comment prévenir les violences entre élèves et renforcer les apprentissages ?

Quel est le pouvoir des injures et quelles sont leurs répercussions en contexte scolaire ? Comment y faire face à l’école ? Sur la base d’apports théoriques et empiriques, les métaphores de l’épée de Damoclès et de l’iceberg des violences permettent de décrypter le fonctionnement des injures ainsi que leur impact sur les processus de socialisation et les conditions d’apprentissage, sur le sentiment d’appartenance et de sécurité à l’école, sur la santé et l’accrochage scolaire. Différentes modalités de traitement des injures sont présentées : intervenir à chaud et prévenir à froid. Le passage de l’action individuelle aux pratiques collectives est développé dans une perspective de culture scolaire cohérente et durable. L’articulation de trois dimensions est travaillée : personnelle (posture professionnelle et enseignante, pratiques pédagogiques) ; collective (groupe de référence, réseau interne et externe, communauté éducative, participation des élèves) ; institutionnelle (cadres légaux et organisationnels, règlement et charte, communication).

VENDREDI 28 SEPTEMEBRE 9H15 – François Modoux

Journaliste et communicant : mano à mano et pouvoir des mots

La caricature est toute prête, les mots sont là pour dénoncer : «connivence» pour nommer les petits arrangements entre journalistes et politiciens; «manipulation» pour rejeter ceux qu’on appelle les «communicants». On doit toutefois au sociologue François Bourricaud l’oxymore permettant de dépasser les anathèmes ou la vision simpliste d’un strict antagonisme entre ces deux métiers : journalistes et communicants sont des «associés-rivaux».  Rivaux parce qu’ils poursuivent des buts différents  et donc ne courent pas pour les mêmes enjeux. Mais associés parce que l’un a besoin de l’autre. Les deux savent qu’ils se retrouveront le lendemain. Ne pouvant espérer durablement se débarrasser de l’autre, «iIs n’ont d’autres choix que de négocier», notait Bourricaud.  Et les deux jouent sur le même clavier: celui des mots et leur pouvoir. Mais leur mano à mano les amène à exercer sur des registres différents. Tonalité, tessiture, couleurs: leurs vocabulaires et leurs syntaxes les distinguent. Pour dépasser la vision caricaturale consistant à les opposer, François Modoux s’interroge aussi sur ce qui les relie. Un bon communicant fait aussi du journalisme pour maîtriser à la perfection le sujet dont il doit ensuite «packager» le message au service de son patron. Et le journaliste, qui doit la vérité à son lecteur, et donc ne se soucie en théorie que de faits vérifiés, est vite guetté par un travers que l’on prête plutôt au communicant : le parti pris, la surdité aux faits qui contredisent sa thèse. Finalement, opposer les deux fonctions est stérile, pense François Modoux. Les rapprocher est donc possible. Non pas pour confondre leurs rôles qui sont et doivent rester distincts ; mais pour mieux comprendre leur moteur respectif, leurs leviers et les limites de leurs actions et de leur pouvoir.

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 9H45 – Alix Noble Burnand

Quand la mort survient dans un établissement scolaire, que dire et comment dire l’indicible ?

Lorsqu’un événement brutal se produit dans un établissement scolaire, il fragilise la cohésion de sa structure, heurte peu ou prou ceux qui en font partie, mettant à l’épreuve leur sentiment d’appartenance et de sécurité.

Il convient donc de pouvoir contenir et cadrer l’événement, pour éviter confusion, chaos,  fragilisation, émiettement relationnel.

Il faut alors avoir à sa disposition un dispositif précis pour savoir qui fait quoi, quand, combien de temps, avec qui. Mais surtout que dire et comment le dire.

Ce dispositif donne au supérieur hiérarchique la responsabilité de l’annonce.

C’est de cette annonce, du sens qui est le sien et de la façon de la faire dont il sera question dans cette conférence.